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Faut-il réduire le temps de travail?

13 janvier 2014

  • Philippe Hurteau

Le travail est au centre de notre vie. Dès l’enfance, on nous demande ce que l’on voudrait faire quand nous serons grands. Ensuite, on passe une longue partie de notre vie sur les bancs d’école afin de nous préparer, entre autres, à occuper un emploi. Le travail pourra être synonyme d’épanouissement et de satisfaction, mais il devient trop souvent synonyme de fatigue et d’aliénation.

À une époque où le temps nécessaire à ce que plusieurs jugent essentiel (famille, ami.e.s, temps libre, etc.) semble nous filer entre les doigts, il est grand temps de questionner la place que prend le travail dans notre société. Une bonne façon de commencer est de remettre de l’avant une notion quelque peu tombée dans l’oubli, soit la réduction du temps de travail.

La semaine de 32 heures

La réduction du temps de travail permettrait d’atteindre deux objectifs : libérer du temps libre pour l’épanouissement de chacun.e tout en en permettant de lutter efficacement  contre le chômage. En abaissant la semaine normale de travail à 32 heures, ces deux objectifs peuvent être atteints.

L’idée ici n’est pas tant de faire la promotion de l’augmentation du temps passé devant la télé, mais bien de viser une amélioration notable de la qualité de vie des salarié.e.s. Moins de temps passé au travail, c’est l’occasion de passer plus de temps avec ses proches, à s’adonner à ses passions et à s’impliquer dans sa communauté.

Bien entendu, une telle politique ne doit pas se traduire par une diminution de la rémunération. En fait, viser la réduction du temps de travail c’est remettre en cause la distribution inégale des fruits de la croissance économique des trente dernières années. La part des revenus du 1 % des plus riches ayant augmenté de 60 % durant cette période, il est clair que le maintien de la semaine de 40 heures ne profite pas à la majorité. Une diminution du temps de travail sans perte de rémunération pour les salarié.e.s, en plus de réaliser concrètement les objectifs de conciliation famille-travail, permettrait de rééquilibrer la manière dont la richesse est distribuée au Québec.

Le partage des emplois

Une autre piste intéressante à suivre est celle du partage des emplois. Dans le contexte où les pronostics d’une stagnation à long terme de l’économie sont de plus en plus acceptés, il est grand temps de dissocier l’idée selon laquelle la création d’emplois est dépendante d’une croissance économique sans fin. À l’ère des changements climatiques, une politique pour l’emploi crédible doit se défaire de cette dépendance et adopter une perspective de partage des emplois. C’est précisément ce que permet la réduction du temps de travail.

Ainsi, le temps libéré par l’atteinte de la semaine de 32 heures, en plus de profiter aux salarié.e.s actuels par l’augmentation de leur temps libre, rend possible la mise en place d’une politique de plein emploi. Par exemple, 100 travailleuses et travailleurs qui passent de 40 à 32 heures de travail par semaine libèrent 800 heures de travail, soit suffisamment pour permettre l’embauche, à temps complet, de 25 personnes sans emploi.

Bien entendu, l’application concrète d’une telle politique soulèverait certainement de nombreuses difficultés. Cependant, ces difficultés ne devraient pas nous empêcher, comme le souhaitent les défenseur.e.s du statu quo, d’entamer une réflexion collective. Après tout, il commence à être urgent de reconsidérer la valeur du temps passé au travail versus celle du temps libre. Au final, c’est souvent durant ce temps libre que se déroulent nos activités et occupations qui nous sont chères et qui marqueront notre passage dans ce monde.

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