Icône

Aidez-nous à poursuivre notre travail de recherche indépendant

Devenez membre

Salaire minimum : la mobilisation paie

20 septembre 2019


La semaine dernière, Statistique Canada dévoilait un rapport sur l’évolution du travail au salaire minimum au cours des vingt dernières années. On y apprenait que le taux de salarié·e·s gagnant le salaire minimum a doublé au Canada depuis 1998, passant de 5,2% à 10,4%. Cette augmentation n’est heureusement pas due au fait que plus d’emplois sont mal payés, mais plutôt à l’augmentation rapide et substantielle du salaire minimum dans de nombreuses provinces, principalement l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Ainsi, les salarié·e·s qui gagnaient plus que l’ancien taux mais moins que le nouveau dans ces provinces ont commencé à recevoir le salaire minimum et ont vu leur pouvoir d’achat augmenter également.

Au Québec, la situation s’est également améliorée, quoique légèrement moins que dans ces trois provinces. J’ai produit les deux prochains graphiques à l’aide des données de Statistique Canada et de l’Institut de la statistique du Québec sur la rémunération horaire et le salaire minimum depuis l’année 2001. On peut voir dans le premier graphique que le salaire minimum québécois, en proportion du salaire horaire moyen, a d’abord connu une baisse dans les premières années du gouvernement Charest, avant de connaître une hausse substantielle dans les trois années qui ont suivi la crise économique de 2008, pour ensuite stagner jusqu’en 2016. Les deux hausses qui ont suivi, en 2017 et 2018, ont amené le salaire minimum à son taux le plus haut des vingt dernières années, relativement au salaire moyen.

Graphique 1 : Salaire minimum en proportion du salaire horaire moyen, Québec, 2001-2018 (%)

Sources : Institut de la statistique du Québec « Rémunération horaire, hebdomadaire et minimum »; Statistique Canada, tableau 14-10-0206-01.

On pourrait penser que ce rattrapage de l’écart entre le salaire minimum et le salaire moyen est dû à la stagnation des salaires pour le reste des travailleuses et travailleurs. Toutefois, comme on peut le voir au prochain graphique, le salaire moyen a connu une progression plus rapide que l’indice des prix à la consommation (IPC). Pour ce qui est du salaire minimum, sa courbe de progression suit à la trace celle de l’IPC jusqu’en 2007, avant de s’en dissocier pour rejoindre celle du taux horaire moyen, puis de connaître une progression plus rapide que le salaire moyen à partir de 2017. Sur la période observée, on peut donc constater que le salaire minimum de 2018 était 67% plus élevé qu’en 2001, comparativement à 56% pour le salaire horaire moyen, alors que l’IPC général augmentait de 29% et ses composantes « logement locatif » et « aliments » augmentaient de 19% et 45% respectivement. 

Graphique 2 : Évolution des taux horaires moyen et minimum, de l’IPC et des composantes « logement » et « aliments » de l’IPC, Québec, 2002-2018 (2002 = 100)

Source : Institut de la statistique du Québec , « Rémunération horaire, hebdomadaire et minimum »; Statistique Canada, tableaux 14-10-0206-01 et 18-10-0005-01

Cette progression nette du salaire minimum par rapport au coût de la vie s’explique de deux manières (graphique 3) : premièrement par les efforts de relance de l’économie dans la foulée de la crise de 2008, ensuite par la force des mouvements sociaux et syndicaux, qui ont réussi à mettre la revendication du salaire minimum à 15$/h de l’avant depuis 2016 et influencer le dernier gouvernement dans ses calculs électoralistes. Nous avons encore beaucoup de chemin devant nous avant de faire correspondre le salaire minimum au revenu viable tel que mes collègues de l’IRIS l’ont calculé, mais nous avançons dans la bonne direction et ça mérite d’être souligné.

Graphique 3 : Variation annuelle des taux horaire moyen et minimum, Québec, 2002-2018 (%)

Source : Institut de la statistique du Québec « Rémunération horaire, hebdomadaire et minimum »; Statistique Canada, tableau 14-10-0206-01.

Icône

Vous aimez les analyses de l’IRIS?

Devenez membre

Icône

Restez au fait
des analyses de l’IRIS

Inscrivez-vous à notre infolettre

Abonnez-vous