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Épargner, un luxe qui n’est pas à la portée de tous

22 novembre 2019

  • Julia Posca

Les nouvelles économiques ont changé de saveur depuis quelques mois, à la faveur de la bonne tenue de l’économie canadienne et québécoise. Malgré des incertitudes persistantes en lien entre autres avec l’état du commerce mondial, l’actualité est marquée entre autres par la croissance soutenue du PIB, les hausses salariales et la hausse du nombre de postes vacants dans les entreprises.

Comme le soulignait récemment Francis Vailles en présentant des données figurant dans la mise à jour économique du gouvernement, l’amélioration des conditions salariales pourrait expliquer que le taux d’épargne des Québécoises et des Québécois, qui a atteint 6,2 % en 2018, soit en hausse depuis quelques années. La Banque du Canada prévoit d’ailleurs, dans son rapport sur la politique monétaire d’octobre, que les Canadiennes et les Canadiens feront preuve de davantage de prudence dans les années à venir et que leur taux d’épargne continuera à augmenter – ce qui pourrait annoncer des jours plus sombres, mais ça, c’est une autre histoire.

À la lumière de ces données, deux nuances – au moins! – s’imposent toutefois.

D’une part, et comme le souligne à juste titre Francis Vailles lui-même, le fait d’épargner une portion de ses revenus n’est pas incompatible avec le fait de s’endetter pour se procurer certains biens ou services. À preuve, le passif (hypothèque et types de dettes) des ménages québécois était de 108 604 $ en moyenne en 2018 (donnée tirée des comptes économiques de Statistique Canada). Le taux d’endettement des ménages aurait quant à lui atteint 170,37 % au 4e trimestre de 2017 selon des données obtenues par Desjardins. La consommation continue ainsi d’être soutenue massivement par le recours au crédit.

D’autre part, l’épargne des ménages se présente sous différentes formes et leurs habitudes à ce chapitre varient énormément en fonction du niveau de leurs revenus. Les données de l’Enquête sur la sécurité financière (ESF) de Statistique Canada, qui portent sur les avoirs et les dettes détenus par les ménages canadiens, nous offre un aperçu de la situation.

Alors que 92,9% des ménages au Québec détenaient des actifs sous forme de dépôts bancaires en 2016, 72,3 % avaient des sommes accumulées dans des régimes de pension privés. La valeur médiane de ces actifs était de 134 200 $, et leur valeur moyenne, de 288 600 $ — un écart qui pointe vers d’importantes disparités entre les ménages. C’est un peu plus de la moitié (54,1 %) des ménages seulement qui avaient un actif dans un régime de pension d’employeur, tandis que 57,6 % contribuaient à un régime de type REER. 

Or, on constate, toujours selon des données tirées de l’ESF, que si 90,6 % des familles du quintile supérieur de revenu après impôt détenaient des actifs dans un REER, c’est seulement 18,2 % de celles du quintile inférieur de revenu après impôt qui en possédaient. 10,6% de ces familles les plus pauvres détenaient des actifs dans un régime de pension d’employeur, contre 81,2% des familles du quintile supérieur de revenu après impôt.

Ces quelques données nous ont permis de souligner l’importance de regarder la situation financière d’ensemble d’un ménage, dont le niveau de ses revenus, pour juger adéquatement de leurs comportements en matière d’épargne.

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