En un graphique: coup d’œil sur le marché du travail et les personnes racisées
2 février 2021
L’évolution du taux de chômage est suivie de près depuis le début de la pandémie. Cet indice de l’état du marché du travail s’est nettement amélioré depuis le sommet de mai 2020, lorsque le taux de chômage a atteint 13,7% chez la population canadienne âgée de 15 ans et plus.
Fait intéressant : depuis la livraison du mois de juillet 2020 de son Enquête sur la population active, Statistique Canada récolte des données concernant l’appartenance à un groupe de population désigné comme minorité visible. Cette nouveauté permet d’examiner le marché du travail sous un angle qui est malheureusement souvent négligé.
On apprend ainsi que le taux de chômage des personnes âgées de 15 à 69 ans s’élevait à 8,6% en décembre dernier au pays. Par contre, il atteignait 9,9% chez les Canadien·ne·s appartenant à un groupe désigné comme minorité visible, contre 7,2% pour les personnes ne s’identifiant ni à un groupe autochtone ni à une minorité visible. En clair, on remarque sans surprise que les écarts entre les populations blanches et racisées sur le marché du travail se sont maintenus en dépit de la pandémie.
À ce propos, les données du dernier recensement, qui remonte à 2016, nous permettent de comparer la situation des différents groupes au Canada et au Québec. Il est à noter que les données qui seront présentées maintenant portent sur les personnes âgées de 25 à 64 ans, et non celles âgées de 15 à 69 ans. Pour une analyse plus détaillée de la situation, ce billet de Mario Jodoin est à lire.
On constate que tandis que le taux de chômage des personnes n’appartenant pas à une minorité visible était en 2016 plus faible au Québec (5,6%) qu’au Canada (6,1%), la situation s’inverse pour les personnes racisées. Leur taux de chômage était plus élevé au Québec (10,3%) qu’à l’échelle du pays (7,6%).
Au Québec, seuls les Philippins (5,7%) présentent un taux de chômage équivalent à celui des personnes qui affirment ne pas appartenir à une minorité visible. À l’inverse, les Asiatiques occidentaux, auxquels appartiennent entre autres les personnes originaires d’Afghanistan ou d’Iran (13,7%), les Arabes (12,4%) et les Noirs (11,1%) sont ceux et celles qui présentaient les taux de chômage les plus élevés. Ce sont ces trois mêmes groupes qui au Canada avaient les plus forts taux de chômage (respectivement 10,2%, 11,8 et 10,1%).
On sait sur la base d’études menées notamment au Québec que ces écarts s’expliquent en partie par la discrimination vécue par les personnes appartenant à des groupes racisés. Les pertes d’emplois résultant de la pandémie risquent donc d’être plus difficiles à résorber pour les personnes non blanches, qui font face à un marché du travail où les préjugés raciaux agissent encore comme obstacles à l’emploi.