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Réponse à la rectrice de l’UQAT

2 décembre 2011


Il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’aller donner la conférence de l’IRIS sur les frais de scolarité à Rouyn-Noranda sur l’invitation du Réseau Vigilance de l’Abitibi-Témiscamingue. Je n’y ai rien dit de surprenant, du moins pour tous ceux et toutes celles qui ont pu voir notre série de vidéos sur la hausse des frais de scolarité. La surprise est plutôt venue de la rectrice même de l’université, Mme Johanne Jean, qui a fait l’étonnant choix de réagir à ma visite.

Je publie ici ma réponse à sa réaction.

Madame la rectrice,

Vous m’avez fait l’honneur de réagir à la conférence que j’ai donné dans votre université à propos des frais de scolarité le 22 novembre dernier, à l’invitation du Réseau de vigilance de l’Abitibi-Témiscamingue.

Or, dans les propos qui vous sont attribués vous ne semblez pas saisir adéquatement la nature de mon argument. Vous expliquez qu’on ne peut attribuer les fonds de recherche à l’enseignement puisqu’ils sont dédiés. Je le sais bien et c’est précisément ce que je déplore. Si, à votre niveau, il est en effet impossible de changer cette situation, le gouvernement quant à lui pourrait choisir de rediriger les fonds qui financent les organismes subventionnaires vers le ministère de l’éducation pour le financement des universités.

Le Québec investit plus en recherche que le reste des provinces canadiennes. Si nous décidions de rejoindre la moyenne canadienne en réduisant le financement de la recherche (au lieu de la rejoindre en augmentant les frais de scolarité) nous pourrions trouver là un moyen de financer les activités d’enseignement.

Une autonomie en danger

Suite à ma conférence, j’eus une discussion avec la secrétaire-générale de votre établissement, Mme Martine Rioux. Lors de cette intéressante conversation, j’ai demandé à madame Rioux si l’université publierait une recherche mettant en lumière des dangers, en matière de santé publique ou d’environnement, causés par un projet minier d’une compagnie subventionnant la recherche universitaire. Elle m’a répondu que comme ces subventions permettent de financer des programmes universitaires complets qui autrement ne seraient plus disponibles dans la région, l’UQAT se trouverait alors devant un choix bien embêtant.

Vous voyez là, madame la Rectrice, un problème majeur lié aux subventions privées en recherche. Elles placent une institution qui devrait être autonome face à l’État et aux entreprises dans une situation de dépendance à ces dernières. Non seulement cela fait survenir les dilemmes dont je discutais avec votre secrétaire-générale, mais en plus cela confère à l’entreprise privé un pouvoir d’influence dans les sujets mêmes de la recherche. Comme celle-ci préfèrera machinalement la recherche rentable à court terme, on risque par conséquent de sacrifier la recherche fondamentale qui est pourtant à l’origine des découvertes scientifiques qui permettent les avancées technologiques.

L’accessibilité n’est pas affaire de bourses

En proposant des bourses offertes par la fondation de l’UQAT, vous escomptez résoudre les problèmes d’accessibilité. Cette tentative louable ne concernera, vous le savez comme moi, qu’une maigre partie des étudiant-es. Pourquoi ne pas plutôt attaquer le problème à la racine et signaler votre opposition à la hausse des frais de scolarité elle-même? Je vous rappelle que selon le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études (un comité interne au Conseil de l’éducation du gouvernement) c’est près de 7000 étudiant-es de partout au Québec qui seront privés d’éducation supérieure à cause de la présente hausse. L’UQAT peut-elle se permettre de laisser s’amplifier ainsi la baisse de fréquentation qu’elle prévoit déjà en raison des variations démographiques?

Comme vous n’avez pu assister à ma conférence, je vous invite à consulter le reste de nos arguments dans notre brochure Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité?.

Bien à vous,
Simon Tremblay-Pepin

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