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Qu’est-ce qu’un indice boursier?

17 décembre 2012

  • Guillaume Hébert

Les indices boursiers, ces données alphanumériques qui défilent à l’infini sur des écrans, constituent aujourd’hui un symbole de l’économie. D’une certaine façon, à titre de symbole, ils ont succédé aux quais achalandés des ports des années 1900 ou aux projets de barrages électriques des années 1970. Les indices boursiers, tournés en dérision dans la culture populaire, marquent d’ailleurs le passage du symbole de l’économie « réelle » à l’économie « financière ».

Mais à quoi servent ces chiffres codés qui défilent chez ceux qui semblent se préoccuper des moindres sursauts de l’économie ? Ne serait-ce après tout que le latin de l’époque contemporaine : un mode de communication que les élites veulent nécessairement incompréhensible pour le commun des mortels ?

Qu’est-ce que c’est (et qu’est-ce que ce n’est pas) ?

Avant de décrire les fonctions que remplissent la bourse et ses indices, il faut établir que cette composante de l’économie n’est pas indispensable pour saisir les phénomènes économiques. C’est justement le point de départ de Jim Stanford dans son Petit cours d’autodéfense en économie (dont la recension se trouve ici). Bien avant d’être des indices boursiers, l’économie, écrit Stanford, c’est ce qu’on trouve dans sa maison et dans son quartier, ce qu’on produit et comment on le distribue.

Mais les indices boursiers existent tout de même. Alors à quoi servent-ils ? Eh bien ils servent à indiquer le niveau de « performance » d’une bourse, d’un marché ou d’une économie. Chacun de ces indices est composé d’un portfolio de titres (soit un ensemble d’actions ou d’obligations) dont l’évolution permet un suivi des performances globales des titres analysés.

Le bien connu « Dow Jones », par exemple, le plus vieil indice aux États-Unis,  s’obtient à partir d’un calcul sur la valeur des actions de trente entreprises majeures. La progression des titres de ces trente entreprises a donc une influence sur l’indice Dow Jones Industrial Average (de son véritable nom).

Exemple de l’évolution de l’ensemble de titres qui composent le Dow Jones :

À ce stade-ci, on peut s’interroger à savoir ce qui fait évoluer la valeur des actions. Ceci nous amène à aborder le sujet de la bourse en soi.

La bourse

Historiquement, la bourse était un lieu de négociation et d’échange de titres de propriété (action) ou de créances (obligation). Aujourd’hui, la « dématérialisation » des bourses a changé la donne. Une bourse s’apparente désormais à un réseau informatique géré par des entreprises elles-mêmes cotées en bourse.

Ce nouveau statut a par exemple rendu possible les fusions et acquisitions entre les marchés boursiers. Rappelons-nous à cet effet du transfert vers Toronto (TSX) des activités principales de la Bourse de Montréal et sa spécialisation depuis dans le secteur des produits dérivés (une forme d’outil d’assurance). Rappelons-nous également la fusion avortée entre la Bourse de Londres (LSE) et celle de Toronto en 2011, qui aurait donné naissance à l’une des plus grandes bourses du monde.

En économie, les bourses remplissent plusieurs fonctions. La première, la principale, est celle du financement. La bourse permet effectivement la rencontre d’investisseurs et d’entreprises à la recherche de ressources financières. S’ajoutent à cette fonction l’exercice d’une forme de gouvernance (contrôle des actionnaires sur les entreprises) ainsi qu’un lieu servant à la restructuration des entreprises (fusions et acquisitions à travers des offres d’achat publiques ou non).

Mais on confère aussi à la bourse un rôle d’information. Information sur les émetteurs (entreprises) à travers les données qu’ils communiquent sur une base régulière et via les notes accordées par les agences de notation. La théorie économique prévoit que plus cette information est précise et fiable et plus elle permettra aux investisseurs de diriger adéquatement les ressources financières.

Les investisseurs choisiront d’acheter ou de vendre un titre dépendant de son prix (le cours) qui doit refléter « la valeur actualisée de l’ensemble des flux de revenus qu’il procurera pendant sa durée de vie » (Gilles Jaccoud). Lorsque l’environnement change (ex : un feu détruit les installations d’une usine ou la découverte d’une nouvelle technologie), la valeur projetée dans le temps d’un titre peut changer, ce qui poussera un investisseur à s’en départir ou à se le procurer.

On peut rassembler un panier ou un porte-folio de ces titres, par exemple pour une place boursière en particulier (ex : le Nikkei 225 pour la Bourse de Tokyo) ou pour un marché en particulier (ex : les métaux), afin d’en évaluer la performance globale. Nous obtiendrons alors un indice.

Critiques de la bourse

L’une des critiques classiques de la bourse nous vient de Keynes. Selon lui, l’objectif au fond n’est pas d’acquérir un titre rentable mais bien le titre qui sera considéré rentable par la plupart des acteurs. Ce qui pose toute la question du lien entre la bourse et l’économie réelle : en est-elle vraiment un reflet ou serait-elle plutôt une espèce de casino doublé d’un centre de commande pour élites économiques ?

Il ne faut d’ailleurs pas tomber dans l’écueil de la bourse décrite comme démocratisation de l’économie comme certains osent l’affirmer sur la base que le détenteur d’une action possède un droit de vote à l’assemblée générale de l’entreprise concernée. La logique « un dollar, un vote » n’équivaut pas à une démocratisation mais bien au contraire à une « plutocratisation », c’est-à-dire à accorder le pouvoir à ceux qui détiennent le plus de richesse.

Les indices boursiers font sens à l’intérieur d’un système financier qui lui n’en fait pas tellement. Développer une meilleure compréhension du capitalisme financier à notre époque est absolument nécessaire. Les indices boursiers ne nous sont toutefois pas très utiles pour cette tâche.

Pour aller plus loin  : Comprendre les marchés financiers, La Documentation française, 2011.

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