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D’où vient le Bonhomme Sept Heures?

17 octobre 2015

  • FF
    Francis Fortier

Un peu comme « pissou » (pea soup), le Bonhomme Sept Heures (bone setter) est apparu dans notre vocabulaire par une méconnaissance de l’anglais. Nous avons reconstruit un mot en fonction de ce que nous pensions entendre. En plus, nous avons manipulé la crainte des enfants à l’égard de ce faux chiropraticien pour leur faire peur, mais surtout pour qu’ils se comportent de la manière que nous jugeons acceptable. Tout ça pour dire que souvent, il y a une marge importante entre la réalité et ce que nous croyons être la réalité, et ce, peu importe notre âge.

Je ne souhaite pas revenir sur la question du niqab, à part peut-être pour paraphraser Stephen Harper lors d’un des débats télévisés qui soulignait que l’on ne pouvait pas défendre des valeurs et des idées politiques sur des statistiques. Cela faisait quand même un petit bout que nous avions compris cette position du gouvernement Harper, en particulier avec les attaques répétées contre Statistique Canada. Si on ne s’appuie pas sur une réalité empirique qu’incarnent partiellement les statistiques, il nous reste quoi? La perception des gens concernant la réalité?

À l’instar de la perception que nous avons du Bonhomme Sept Heures, The Guardian présentait dernièrement la différence qui existait entre la perception des citoyens et citoyennes de plusieurs pays, dont le Canada, à l’égard de l’immigration, de la religion ou encore des taux de participation aux élections, d’une part, et la réalité statistique, de l’autre. Les différences entre la perception et la réalité sont impressionnantes. Ne reprenons que le Canada :

Graphique 1 Différence entre perception et réalité au Canada

Les gens pensent que 35 % de la population canadienne est immigrante (c’est-à-dire qui ne sont pas née ici) alors qu’en réalité, c’est de 21 %. La différence est encore plus grande pour la perception à l’égard de la communauté musulmane. Alors qu’elle ne forme que 2 %, les gens l’imaginent à 18 %.

Bien que l’enquête de The Guardian ne présente pas les données pour le Québec, avec les événements passés (Hérouxville, Charte des valeurs et cie) la question de l’immigration et la perception que les Québécois et Québécoises s’en font ne devrait pas être très loin de ce que le reste du Canada perçoit. Mais quelle est la situation réelle au Québec?

Selon les données de Statistique Canada, en 2011 (juste avant que le gouvernement conservateur ne change le recensement), le Québec comptait une proportion de 13,6 % d’immigrants et d’immigrantes. De toutes provenances confondues. Le graphique 2 présente spécifiquement la proportion que nous mettons à tort dans la grande famille des Arabes/Mulsumans. On constate que moins de 5 % de la population au Québec provient de l’Afrique du Nord, de l’Asie centrale ou du Moyen Orient. De plus, plusieurs de ces personnes sont des citoyen-ne-s québécois-e-s et non des immigrant-e-s récent-e-s. Dans certains cas, les familles sont établies au Québec depuis 40, 50, 70 voire 100 ans.

Graphique 2 : Origine ethnoculturelles de la population québécoise, 2011

Au moins, grâce à cet exercice, je sais que je n’aurai pas à regarder en-dessous mon lit ce soir pour voir si un Arabe/Musulman/Maghrébin/Perse/… s’y cache. On ne les trouve pas en assez grand nombre ici pour les retrouver sous nos lits, contrairement à ce que nous semblons percevoir de la réalité.

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