Critiquer les médias au nom du bien commun
23 février 2022
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Avec la pandémie, la méfiance envers les médias d’information semble avoir pris une ampleur inégalée. Par contre, les conspirationnistes et autres « sceptiques » qui préfèrent faire leurs propres recherches ne sont pas les seuls à douter des orientations idéologiques de ces sources d’informations. Le 16 février dernier, le documentaire « Media Crash. Qui a tué le débat public ? » était présenté sur les écrans de cinéma français, un film réalisé avec l’intention de faire de la concentration médiatique un sujet électoral dans l’Hexagone. « Neuf milliardaires détiennent 90% des grands médias privés en France », assène la narration. La critique formulée par les documentaristes envers cette concentration des médias au sein de quelques mains fortunées est légitime et juste, mais, il faut le dire, un peu dépassée au moment où les géants numériques bouleversent la diffusion de l’information.
Faut-il se méfier de la concentration des médias ?
La concentration médiatique est le processus par lequel de moins en moins d’acteurs contrôlent un nombre de plus en plus important de médias. Cette dynamique va à l’encontre du principe de pluralité (autant celle des voix, des formats que des types d’entreprises) qui est considérée comme un élément essentiel de l’écosystème médiatique. En effet, la concentration médiatique pose problème parce que l’information n’est pas une marchandise comme une autre; elle participe à la vitalité politique et à la santé démocratique. L’information est ainsi souvent conçue comme un bien commun. À la différence d’autres biens et services privés ou publics, le financement privé de la production de l’information est considéré comme le gage d’une plus grande indépendance et, donc, comme une garantie d’un plus grand pouvoir critique face aux gouvernements. Ainsi, si un monopole d’État de l’information est redouté, il en est aussi de même des oligopoles privés qui menacent la pluralité de l’information. Par exemple, une étude réalisée au Québec a montré que le contenu du journal Le Soleil était devenu similaire à celui de La Presse après son rachat par Gesca (Power Corporation).
Surprenante déconcentration médiatique
Au Québec, les tendances à la concentration ont été particulièrement marquées en raison de la taille réduite du lectorat. En contrepartie, la régulation et la critique de la concentration font l’objet de débats politiques depuis au moins 50 ans, soit depuis que le rapport Davey, issu de la première commission d’enquête à s’y intéresser, a été publié en 1970.
Du côté de la presse écrite au Québec, les critiques ont généralement été dirigées vers Quebecor et Power Corp qui cumulaient près de 70% du lectorat jusqu’à ce qu’un large mouvement de vente soit entamé par Quebecor, suivi de Power Corporation, et que les deux entreprises se départissent de la plupart de leurs médias régionaux. Aujourd’hui, Quebecor domine encore le paysage de la presse écrite, cumulant 43% du lectorat, mais des bouleversements pourraient encore survenir.
Qu’annonce cette déconcentration ?
Avant de célébrer la reprise du contrôle de la production de l’information par de petites entités diversifiées, il faut se demander ce qui a provoqué le désintérêt des grands groupes propriétaires. En effet, si la télé câblée et les journaux ont des niveaux de concentration de plus en plus bas partout au Canada, le contraire se produit du côté d’Internet et des technologies numériques. Les médias traditionnels n’ont plus la cote auprès de leurs anciens propriétaires parce que le numérique gagne du terrain et que ces derniers ne font pas le poids face aux géants de l’information que sont Google et Facebook. Les nouvelles plateformes numériques ont réussi à se démarquer et captent une part de plus en plus importante des revenus publicitaires, source de revenus majeure des médias d’information.
Agressifs dans leurs stratégies, les géants du web pratiquent non seulement la concentration horizontale, mais également verticale, c’est-à -dire que ces acteurs offrent non seulement plusieurs services du même type (concentration horizontale), mais ils possèdent aussi toute la chaîne de production de l’information (concentration verticale). Certains groupes possèdent ainsi des fournisseurs d’ordinateurs, de téléphones, des navigateurs web, des centres de données, des systèmes d’exploitation et même des fournisseurs d’accès à Internet. Cette concentration est tellement forte que les pratiques de fusion-acquisition de l’industrie ont été jugées anticoncurrentielles aux États-Unis. Or, comme les débats autour de Section 230 (un article de loi qui distingue les services Internet du rôle d’un éditeur) nous l’ont appris, ces entreprises se faufilent sous la juridiction qui régule la diffusion de contenu.
La déconcentration de la presse écrite au Québec apparaît en somme comme le symptôme d’une nouvelle forme de contrôle de l’appareil de production du bien commun qu’est l’information. Si les anciens empires locaux sont toujours dans l’œil de la critique, l’emprise récente des géants du web sur le débat public ne doit pas être négligée.
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1 comment
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Au sens littéral, un média est un moyen de communiquer.
La majorité de la population adulte s’informe exclusivement via les médias.
La population adulte a le droit de vote.
Quand on lit le livre “La fabrication du consentement” on en comprend la mécanique.
Selon moi, les médias ne devraient pas servir à publier des opinions, quels qu’ils soient.
Les médias ne devraient servir qu’à véhiculer les faits, sans rien cacher et sans interprétation.
Une opinion, ça devrait être publié dans un livre, sans plus.