La liste de cadeaux de l’IRIS pour Noël
12 Décembre 2018
La sensibilisation face aux problèmes environnementaux engendrés par la surconsommation pousse depuis plusieurs années les différents paliers de gouvernement à adopter des politiques afin de contrer le gaspillage. Mais, si le recyclage, la récupération et le compost progressent et transforment peu à peu nos habitudes de vie, on est encore bien loin d’une réduction significative de notre empreinte écologique, et encore plus d’une décroissance de l’activité économique génératrice de gaz à effet de serre. La consommation des ménages demeure un moteur important des économies capitalistes et, comme à chaque année, ceux qui en ont les moyens seront encouragés à dépenser beaucoup trop pour stimuler le PIB à l’occasion de Noël.
L’IRIS ne souhaite pas gâcher l’esprit des Fêtes, et est d’avis, comme le clament en ce moment les gilets jaunes en France, que les classes laborieuses n’ont pas à porter seules le poids d’une transition écologique. Nous sommes cependant convaincus qu’en cette saison du partage, mieux vaut offrir à ses proches des items qui favorisent l’émancipation des esprits, plutôt que l’asservissement des corps.
Voici donc nos suggestions de livres à offrir à Noël cette année.
Olivier Ducharme propose dans Travaux forcés (Écosociété) un excellent compte-rendu de l’évolution des politiques d’aide sociale au Québec. L’auteur y montre que l’aide sociale est devenue synonyme de moins de droits et de toujours plus de conditions et de discipline. Une lecture qui s’impose en attendant que soit mis en place un système social réellement humaniste, c’est-à-dire qui tendrait vers l’éradication de la pauvreté et la misère – et que l’on ne doive plus s’en remettre à la charité pour aider les plus démunis.
En début d’année, Philippe de Grosbois publiait Les batailles d’Internet : assauts et résistance à l’ère du capitalisme numérique (Écosociété), qui jette un regard critique sur les nouveaux emblèmes de la puissance économique que sont les géants du numérique. Bien qu’on parle de plus en plus des « GAFA », le commun des mortels mesure encore bien mal à quel point ces firmes transnationales dominent et façonnent notre monde.
Dans Mégantic (Écosociété), Anne-Marie Saint-Cerny rappelle les faits qui ont mené à la mort tragique de 47 personnes en 2013 et nous rappelle aussi que justice n’a pas été faite dans cette affaire. L’ancien directeur du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), Bruce Campbell, qui suit assidûment ce dossier depuis 5 ans, a également rédigé un ouvrage sur le sujet (en anglais), The Lac-Mégantic Rail Disaster (Lorimer).
En science économique, quelques ouvrages venus de France méritent notre attention :
D’abord, celui d’Arnaud Parienty, Le mythe de la « théorie du ruissellement » (La Découverte), qui démonte méthodiquement l’une des arnaques néolibérales ayant le plus contribué à placer le monde dans un état d’extrêmes tensions : non, l’enrichissement croissant des plus riches ne permet pas à tout le monde de s’enrichir, bien au contraire.
Compatible avec les thèses de l’IRIS sur l’État néolibéral, La Caste : enquête sur la haute fonction publique qui a pris le pouvoir (La Découverte) s’intéresse à ces technocrates qui ont favorisé le monde des affaires pour ensuite bénéficier des portes tournantes entre l’État et l’entreprise privée ou, comme on dit en France, du « rétro-pantouflage ». Celui qui est toujours président de la France au moment d’écrire ces lignes, Emmanuel Macron, en est un digne représentant.
Dans Crashed : Comment une décennie de crise financière a changé le monde (Les Belles Lettres), Adam Tooze nous raconte en plus de 700 pages la profondeur des transformations survenues depuis la crise financière de 2008. Pour l’économiste canadien Andrew Jackson, il s’agit d’un livre en voie de devenir une référence indispensable.
Pour réfléchir à l’après-néolibéralisme :
Le concept de décroissance n’est plus un tabou et force est de constater que les disciplines économiques et écologiques réunies forment aujourd’hui un mélange effervescent. Six chemins vers une décroissance solidaire (Les éditions du Croquant) fait le tour de grandes propositions qui ont toutes en commun de chercher à « faire décroître la gabegie des plus riches, afin que les pauvres puissent simplement vivre ».
Un autre concept à la mode est celui des « communs » ; une manière de concevoir l’économie en dehors du public et du privé qu’explore le livre Vers une république des biens communs (Les liens qui libèrent). Paradoxalement, c’est dans le domaine du numérique, où les nouveaux géants du capitalisme sévissent, que se développent des réflexions passionnantes sur les moyens de rendre l’économie radicalement horizontale, collaborative et démocratique.
Pour de la fiction qui parle d’économie :
Dans Les frères Lehman (Globe), Stefano Massini retrace l’extraordinaire récit de la Banque Lehman Brothers. Cette œuvre fascinante a été adaptée pour le théâtre et était présentée récemment au théâtre du Quat’sous dans une superbe mise en scène de Marc Beaupré et Catherine Vidal.
À défaut d’avoir vu Nyotaimori de Sarah Berthiaume au Théâtre d’aujourd’hui, vous pouvez vous rabattre sur le texte de la pièce, publié par Les éditions de ta mère. Sans culpabiliser le spectateur, la pièce remonte le fil des objets de notre quotidien, des ateliers de l’Asie au confort de notre foyer, en passant par l’aliénation du travail nécessaire pour participer au cirque de la consommation.
Pour terminer, deux petits livres dont nous sommes très fiers à l’IRIS :
Détournement d’État : Bilan de quinze ans de régime libéral (Lux Éditeur) et le Manifeste des parvenus (Lux Éditeur) ont été écrits par des chercheur-e-s de l’IRIS et les deux ont obtenu une très bonne réception, sauf peut-être au Parti libéral et chez une certaine frange de l’élite au pouvoir, et encore. D’ailleurs, si vous devenez membre de l’IRIS avant le 25 décembre 2018, c’est nous qui vous les offrirons en cadeau!
Sur ce, nous vous souhaitons de joyeuses Fêtes !