9 milliards pour un accès inéquitable à Internet
2 Décembre 2021
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Mercredi dernier, le gouvernement du Québec annonçait avec beaucoup de fierté qu’il injecterait 94 M$ supplémentaires pour le volet III du programme Éclair visant le branchement de tous les foyers du Québec à Internet haute vitesse. Le réseau sera dès lors disponible partout, sans toutefois être accessible pour tous et toutes. En effet, ces subventions combleront les lacunes techniques de la connexion, mais n’auront aucun impact sur ses freins financiers. Avec l’ajout de cette somme, les Québécoises et Québécois auront déboursé plus de 9 milliards de dollars en 5 ans pour construire une infrastructure de réseau qui ne leur appartient pas et qui les oblige à accepter des coûts de branchement excessivement élevés.
Depuis le début 2002 déjà, le Québec cumule les programmes visant à brancher les foyers et les institutions publiques à Internet. Québec branché, Québec haut débit, Villages branchés, Communautés rurales branchées, Opération haute vitesse, Éclair sont les noms de quelques-uns d’entre ceux ayant eu pour objectif d’augmenter la disponibilité du réseau. Malgré qu’il y investisse des sommes considérables depuis des années, le gouvernement laisse néanmoins l’entière propriété des infrastructures de branchement Internet aux compagnies de télécommunication qui monnayent ensuite son accès en engrangeant de larges profits. Ainsi, Vidéotron, Telus, Bell et plusieurs autres bénéficient de subventions pour accroître le réseau filaire dans les régions sans aucune contraintes quant aux prix que ces compagnies peuvent ensuite facturer aux abonné·e·s.
Au Canada, le prix moyen mensuel pour un abonnement à Internet haute vitesse résidentiel était de 80,31 $ en 2018 selon le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et devraient grimper au courant de la prochaine année. Et cela exclut les coûts pour l’accès mobile à Internet. Le Canada est le pays où l’accès à Internet est le plus cher au monde, juste après les États-Unis. Selon le CRTC, le caractère essentiel de ce service conduit des citoyens et citoyennes à s’y abonner tout de même, au détriment parfois d’autres biens essentiels comme les vêtements et la nourriture.
L’accès à Internet est désormais considéré comme un vecteur d’égalité sociale et économique ainsi qu’un prérequis à la participation démocratique. Cette réalité s’est d’autant plus raffermie durant la pandémie alors que travailler ou aller à l’école sont devenus des actes dépendants de la connexion. Conséquemment, les appels à faire d’Internet un service public se sont multipliés dernièrement. Cet été, d’éminents chercheurs en communication ont publié un manifeste appuyant une telle proposition. D’autres appellent à s’inspirer d’exemples existants, comme celui de la Saskatchewan, afin de faire une pression à la baisse sur le marché de la distribution ou, même, pour offrir un réseau entièrement public à juste prix.
Au regard du coût élevé des services Internet au Québec de même qu’à l’importance des sommes dépensées par l’État pour la construction du réseau, le Québec devrait réclamer la part de propriété des infrastructures de connexion qui lui revient. Le gouvernement pourrait ainsi poser un geste fort en ne participant pas seulement à rendre Internet physiquement disponible, mais aussi financièrement accessible.
Ce texte est d’abord paru dans l’édition du 2 décembre 2021 du quotidien Le Devoir.
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1 comment
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9,000,000,000$ dépensés pour connecter 3,000,000 de familles sur 5 ans…
Ça représente 50$ par ménage québécois, par mois.
Avec un tarif moyen payé par chaque ménage qui oscille entre 60$ et 90$ par mois(avant taxe!), on est en droit de se demande ou le 50$ est passé!
Serait-ce que le véritable tarif devrait jouer dans la plage 110$ à 140$ par mois?
Un gouvernement peut réglementer un domaine d’activité financière et/ou commerciale avec la loi ou en envahissant le marché visé avec une corporation de la couronne.
Quelle devrait être la vitesse minimale à laquelle tout ménage québécois devrait avoir accès?
10Mb/1Mb download/upload.
Pour ce qui est du coût des infrastructures, va falloir m’expliquer pourquoi le réseau électrique n’est pas mis à contribution, particulièrement dans les régions éloignées! Non seulement les coût de la dite infrastructure baisseraient, mais le quantité de conducteurs sur les poteaux serait grandement réduite.