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1er mai : quoi de mieux qu’une bonne hausse du salaire minimum?

1 mai 2017

  • Philippe Hurteau

Chaque année, dans le cadre de la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs, Québec relève le niveau du salaire minimum. Cette fois, on parle d’une augmentation de 50 ¢ : le salaire minimum sera dorénavant fixé à 11,25 $ l’heure. Depuis un an, mes collègues et moi avons produit plusieurs études (celle-ci, celle-ci et celle-ci) démontrant qu’une hausse plus substantielle (à 15 $ l’heure, par exemple) serait une bonne politique publique. Voici, en condensé, les éléments d’analyse que nous avons mis de l’avant depuis 12 mois :

  • Le niveau actuel du salaire minimum est insuffisant. Malgré la hausse de 50 ¢, nous sommes toujours à 1,90 $ l’heure d’un niveau de rémunération qui permettrait aux bas salarié·e·s de sortir de la pauvreté.
  • Pour les personnes seules qui, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), composent la majorité des travailleurs et travailleuses pauvres, la situation est pire. Comme elles ne peuvent compter sur les transferts fiscaux prévus pour les familles, le salaire minimum horaire est de 3,79 $ trop bas. Un salaire viable pour ces personnes devrait se situer à 15,04 $ l’heure.
  • Une hausse à 15 $ l’heure serait bénéfique pour 98 % des gens concernés par la mesure, c’est-à-dire qu’on risque de voir un impact négatif en termes de diminution d’heures ou de perte d’emploi pour 2 % des gens. Augmenter la rémunération de 27 % des salarié·e·s québécois en plus d’instaurer un incitatif à relancer vers le haut la structure de la rémunération pour tout le monde supplantent donc allégrement tous les risques de répercussions négatives.
  • Il est vrai qu’une hausse marquée pourrait avoir un impact sur l’inflation. L’augmentation oscillerait entre 1,1 % et 2,6 %. Encore une fois, les hausses de salaire pour les bas salarié·e·s (33 % d’augmentation salariale pour ceux et celles au salaire minimum) dépassent de beaucoup l’impact limité sur l’inflation.
  • La théorie économique dit qu’un salaire minimum trop élevé met à risque les petites et moyennes entreprises (PME). Toutefois, les exemples empiriques contredisent la théorie. Au Québec, c’est lors des importantes hausses du salaire minimum de 2008, de 2009 et de 2010 que le taux de fermeture des PME était au plus bas.
  • Pour compenser les risques de pertes d’emploi, le gouvernement pourrait mettre en place un programme de soutien aux personnes et aux entreprises qui risquent d’être touchées. Pour ce faire, nous avons évalué que la hausse à 15 $ l’heure, en raison de l’augmentation des revenus d’emploi, générerait également un rehaussement des revenus fiscaux du gouvernement québécois de 681 à 930 millions de dollars. Il serait donc intéressant de concentrer ces sommes dans les secteurs et les régions les plus sensibles aux fluctuations du salaire minimum.
  • Contrairement à ce qui est avancé par les associations patronales, l’augmentation de l’exemption de base (le montant sur lequel nous ne sommes pas imposés) n’aurait qu’un impact négligeable sur les bas salarié·e·s. Une hausse à 13 500 $ de cette exemption rapporterait entre 67 $ et 267 $ aux salarié·e·s ayant des revenus se situant entre 15 000 $ et 30 000 $. À l’inverse, une hausse du salaire minimum augmenterait leur revenu d’entre 1 178 $ et 1 240 $.

En clair, la mobilisation pour le 15 $ l’heure est tout à fait fondée. Reste maintenant à passer aux choses sérieuses : les rapports de force politiques!

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