Un blogue de Noël
24 Décembre 2013
Le temps des fêtes est probablement la période de l’année qui nous replonge le plus dans nos classiques. Que ce soit les cantiques de Noël, nos dessins animés préférés ou les contes de Noël. Le conte de Noël qui a probablement le plus de versions est assurément celui Charles Dickens paru en 1843. Que l’on ait lu ou pas l’original, on se souvient toutes et tous des trois esprits de Noël qui viennent hanter un individu grippe-sou qui ne veut pas se mettre au diapason avec le véritable esprit de Noël. On se souvient aussi de son employé et de son fils, le petit Tim, qui font les frais de ce manque d’esprit de Noël. Les différentes relectures de l’œuvre de Dickens ont toutes des perceptions différentes de ce que devrait être le véritable esprit de Noël. Cependant, peu de ces lectures préservent l’esprit de Dickens qui incorpore une critique sociale et économique des relations de pouvoir de son époque. Qu’est-ce que pourraient nous dire les esprits sur notre Noël 2013? Tout comme les autres lectures du Conte de Noël, nous ne réécrivons pas un classique, nous ne faisons que l’adapter partiellement à la réalité contemporaine.
L’esprit des Noëls passés : Noël est une fête de la consommation
Nous entendons fréquemment que Noël est devenu la fête de la consommation, que c’était bien mieux «dans le temps». Est-ce que l’esprit consumériste de Noël est si récent? L’esprit des Noëls passés nous ramènerait jusqu’à quand pour nous en faire prendre conscience? Peut-être commencerait-il par le Noël présent de Dickens. On y voit le manque d’abondance sur la table du petit Tim. Ensuite, l’esprit nous amène en 1931 : bien que Coca-Cola n’ait pas inventé le Père Noël, l’image est récupérée par la multinationale pour mousser ses ventes durant la période des fêtes, ventes qui étaient en baisse pendant cette période. Ce voyage dans le passé nous expose que, avec la nécessité d’avoir une table bien remplie dans le temps des fêtes, d’avoir des cadeaux sous un sapin bien fourni, la récupération à des fins marchandes de la fête de Noël n’est pas l’apanage de la fin du XXIe siècke, mais est en fait l’esprit de Noël depuis plus de 150 ans.
L’esprit du Noël présent : le petit Tim à la banque alimentaire
Tout comme dans l’original de Dickens, l’esprit du Noël présent nous montre le petit Tim avec son père. Dans cette version contemporaine, le père de Tim doit aller à la banque alimentaire pour nourrir sa famille, et, tout comme une personne sur cinq qui fréquente les banques alimentaires, son père occupe un emploi. Nous continuons à suivre le petit Tim et son père qui magasinent, et l’esprit du Noël présent nous montre les habitudes de dépenses des Québécois.e.s pour Noël. Ils vont dépenser plus de 600$ par ménage, et 20% vont dépasser leur budget qu’ils s’étaient fixé pour cette année, mais surtout, ils vont mettre le tout sur la carte de crédit. Avant de nous ramener à la maison, l’esprit nous rappelle que même en 2013, travailler ne nous immunise pas à la pauvreté. Qu’à cela ne tienne, peu importe le revenu, les gens vont s’endetter, mais vont avoir respecté l’esprit consumériste de Noël.
L’esprit des Noëls futurs : nous payons encore pour notre Noël de 2013
L’esprit du futur ne nous amène pas très loin dans le temps. Juste après que la majorité des gens n’aient pas tenu leur résolution pour 2014, soit en février. Les ménages québécois se rapprochent maintenant de la moyenne canadienne en ce qui concerne l’endettement. Les dettes non hypothécaires pour 2013 ont augmenté de près de 10%, dépassant les16 000$. L’ensemble des dettes constitue plus de 140% du revenu disponible lorsque les dettes hypothécaires sont comptabilisées. Cependant, contrairement au conte de Dickens, ici le petit Tim est toujours vivant, son père continue de travailler et de fréquenter les banques alimentaires tout en recevant par la poste (dans une boîte postale) des invitations de banques à augmenter son crédit pour que le prochain Noël soit encore aussi abondant que celui de cette année.