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Budget fédéral 2023 : des dizaines de milliards pour des industries pas si «propres»

28 mars 2023


Ottawa, le 28 mars 2023 – Dans le budget déposé aujourd’hui par la ministre des Finances Chrystia Freeland, le gouvernement fédéral se montre davantage sensible aux pressions du monde des affaires que celui de l’ensemble de la population, selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Alors que les milliards pleuvent pour des industries qui ne favorisent pas forcément la transition écologique, plusieurs politiques sociales ayant fait l’objet de vastes consultations brillent par leur absence.

Environnement: investissements massifs pour le secteur privé

En réponse aux inquiétudes des entreprises voyant le gouvernement des États-Unis débloquer des centaines de milliards de dollars dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, le budget 2023-2024 annonce de gigantesques subventions sous forme de crédits d’impôt remboursables à l’intention de l’industrie des technologies dites propres.

« Sur le plan économique, le budget opte pour une transition menée par le secteur privé et elle se montre très généreuse à son endroit. Et sur le plan écologique, il mise naïvement sur les miracles technologiques que fait miroiter l’industrie fossile », déplore Colin Pratte, chercheur à l’IRIS. On constate que près du 25 % du plan de transition de 80 $G qui s’échelonne jusqu’à 2034 est composé de crédits d’impôt dont pourront se prévaloir les entreprises fossiles pour des projets de captage et de séquestration du carbone.

L’IRIS rappelle que selon des projections de la Régie de l’énergie du Canada, la production canadienne de gaz naturel et de pétrole augmentera de 20 % chacune d’ici 2040. Les mesures annoncées par le budget fédéral viennent soutenir cette croissance de l’industrie fossile aux dépens d’une réelle transition écologique. « Contrairement à l’idée reçue de ce que devrait être une transition énergétique, le budget Freeland maintient le cap sur cette trajectoire où les énergies renouvelables viennent simplement s’additionner à une industrie fossile croissante », observe M. Pratte.

Des politiques sociales qui brillent par leur absence

Après avoir mené des consultations sur des programmes tels qu’une nouvelle assurance-médicaments publique ou réforme du régime d’assurance-emploi, et après avoir beaucoup misé sur la Stratégie nationale sur le logement annoncée durant son précédent mandat, le budget 2023-2024 du gouvernement demeure cette année silencieux sur ces politiques fortement attendues.

« Lors de l’élection des libéraux en 2016, on notait que la rhétorique grandiloquente du nouveau gouvernement n’atterrissait guère sur des propositions concrètes. On promettait souvent de consulter la population. Plusieurs années plus tard, il est frappant de constater qu’à l’égard de plusieurs grands chantiers, le gouvernement Trudeau n’accouche finalement de rien », remarque Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS.

La seule exception concerne le nouveau Régime canadien d’assurance dentaire qui avait été annoncé l’année dernière et qui prendra son envol cette année. La portée et les coûts du programme seront par ailleurs plus élevés que prévu. Les dépenses pour ce programme devraient atteindre 5 G$ par année à partir de l’exercice 2027-2028.

En outre, le gouvernement a prévu différentes mesures pour protéger le pouvoir d’achat des ménages face à l’inflation. La mesure la plus en vue est celle de la bonification du crédit pour la TPS, que le gouvernement annonce en lui accolant le nom de « remboursement pour l’épicerie ».

« Cette mesure est positive considérant qu’elle cible les bonnes personnes et qu’elle est facile à administrer. Espérons toutefois que ces sommes ne viendront pas simplement grossir davantage les marges de profits des magasins d’alimentation, ce qu’on ne peut exclure puisque le gouvernement n’a toujours pas agi pour contrecarrer les stratégies de ces entreprises, dont l’appétit pour les bénéfices semble insatiable », conclut Guillaume Hébert.

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Source :

Camille Legault Thuot

Responsable des relations publiques et des communications

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medias@iris-recherche.qc.ca