Les pertes d’emplois liées à la pandémie se concentrent chez les bas salarié·e·s
13 mai 2021
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Après le tumulte des premiers mois de pandémie, une certaine reprise économique s’est installée. Bonne nouvelle, avouons-le. Cependant, au moment où les mesures de soutien financier d’urgence s’épuisent, tout le monde ne goûte pas également le fruit de la relance. Pour éclairer l’un des angles morts de la crise actuelle, nous nous pencherons sur l’évolution récente de la « destruction/création » d’emplois au Québec sous l’angle du salaire horaire. Cet exercice nous permettra de démontrer, comme nous l’avons déjà fait pour le Canada, qu’il est faux d’affirmer que nous sommes toutes et tous dans le même bateau face à la pandémie.
En utilisant les données mensuelles sur la répartition des salaires horaires pour le Québec, nous pouvons suivre le nombre d’emplois perdus dans la foulée de la pandémie. Le graphique 1 montre que de février 2020 au creux du mois d’avril, ce sont 781 500 personnes qui ont perdu leur emploi. Depuis, la situation s’est presque rétablie, le retard n’étant plus que de 58 600 personnes en emploi en mars 2021.
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La reprise est manifeste. Cependant, les données globales masquent des disparités importantes. On s’en rend compte lorsque l’on analyse les données du graphique 1 par tranches de salaire horaire : de 12 $/h à 19,99 $/h, de 20 $/h à 29,99 $/h et 30 $/h et plus.
Comme l’indique le graphique 2, on constate alors que la reprise n’est pas au rendez-vous pour tout le monde. Dans la tranche des salaires horaires entre 12 $/h et 19,99 $/h, on note un recul de 15 % entre février 2020 et mars 2021. La situation s’inverse ensuite. On observe ainsi une hausse de 5 % des personnes avec un emploi entre 20 $/h et 29,99 $/h. Dans la catégorie des 30 $/h et plus, la hausse est de 6 %.
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La conclusion s’écrit d’elle-même : en se basant sur l’indicateur du salaire horaire, 100 % du déficit à combler au chapitre de l’emploi se trouve chez les salarié·e·s gagnant moins de 20 $/h. Comme cette catégorie compte à ce jour seulement 29 % des emplois à salaire horaire, c’est dire la concentration du fardeau de la crise qui pèse sur les épaules des bas salarié·e·s.
Ce genre de constat n’augure rien de bon sur le plan de l’évolution des inégalités et de la fracture sociale qu’elle exacerbe. C’est donc une situation à suivre avec attention.