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Budget Morneau – Le dernier budget d’un gouvernement qui a manqué d’ambition

19 mars 2019


Ottawa, le 19 mars 2019 – À l’image des quatre ans du gouvernement Trudeau, les propositions contenues dans le budget soufflent le froid et le chaud, mais aucune ne permet d’appuyer l’ambition affichée à son arrivée au pouvoir. Alors que le ministre Morneau a été présenté par plusieurs comme dépensier, les dépenses de programmes continueront de diminuer d’ici 2023-2024 en proportion du produit intérieur brut (PIB).

«Les dépenses de programmes devraient passer de 14,7 % du PIB en 2019-2020 à moins de 14 % en 2023-2024, soit un niveau qui s’approche tranquillement du ratio de dépenses atteint par le gouvernement canadien à la suite des coupes sévères du ministre des Finances Paul Martin au milieu des années 1990. C’est très bas», observe Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS. Le ratio de la dette au PIB du Canada demeure le plus faible des pays du G7 et il continuera à baisser durant les cinq prochaines années, tandis que le service de la dette (1,0 %) est à son plus bas depuis 1965-1966.

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«Les mesures de soutien pour l’achat de véhicules zéro émission vont participer à la croissance du parc automobile et contribuer à l’étalement urbain, qui n’a cessé de croître au pays depuis 10 ans. Cette approche sape les efforts mis par les municipalités dans le développement du transport en commun», plaide Julia Posca, chercheure à l’IRIS. D’importants investissements seront consacrés à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels et commerciaux, or, il aurait été souhaitable d’étendre cette initiative aux bâtiments industriels, dont la dépense énergétique est considérable.

En matière d’accès à la propriété, le gouvernement occupe toujours une position contradictoire : d’un côté, en mettant en place un incitatif à l’achat d’une première propriété, il encourage le marché immobilier, qui commençait tout juste à se remettre de la surchauffe des dernières années. De l’autre, il doit veiller à la stabilité de l’économie du pays, fragilisée par le ratio d’endettement des ménages qui avoisinait les 178 % des revenus à la fin de 2018. «La croissance économique se fait sur le dos de la sécurité financière des ménages canadiens, qui pourraient être lourdement affectés advenant un ralentissement économique», affirme Mme Posca.

Le budget annonce également une bonification de l’exemption sur les revenus du Supplément du revenu garanti (SRG) pour les personnes âgées qui demeurent sur le marché du travail. «L’ennui avec ces mesures qui visent à maintenir les personnes âgées au travail, c’est qu’elles ne garantissent pas en premier lieu un revenu viable aux personnes qui souhaitent prendre leur retraite. Une indexation du SRG à l’évolution des revenus serait plus avisée pour lutter contre la pauvreté des aînés», soutient M. Hébert.

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