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Que comprendre des chiffres sur l’emploi?

9 août 2017


À chaque publication de nouvelles statistiques sur l’emploi, nous avons droit au même spectacle : s’il y a amélioration, les gouvernements s’en félicitent; s’il y a déclin, c’est en raison de facteurs hors de leur contrôle. Alors comment s’y retrouver? Plusieurs données sont à la disposition de tous et de toutes; tentons de comprendre leur signification et leurs limites.

–       Quels chiffres?

Les statistiques d’emploi auxquelles on accorde généralement le plus d’attention pour dresser un bilan sont le nombre d’emplois créés et le taux de chômage. Statistique Canada publie ces données mensuellement : elles sont issues de l’Enquête sur la population active. Deux autres taux sont également utilisés, soit le taux d’emploi et le taux d’activité, que nous définirons ci-dessous.

–       Combien d’emplois?

À chaque début de mois, Statistique Canada publie les données relatives à l’emploi pour le mois qui vient de se terminer. On rapporte entre autres le nombre d’emplois disparus ou créés, et c’est d’abord ce chiffre qu’on retiendra. Toutefois, plus souvent qu’autrement, on nous parle d’un chiffre qui n’est pas statistiquement significatif.

–       Qu’est-ce que ça veut dire? Par exemple, pour le mois de mars, on pouvait lire dans la section « Argent » du Journal de Montréal que 2400 emplois avaient été créés. Évidemment, ce chiffre est issu d’une estimation puisque Statistique Canada ne fait pas un recensement mensuel de tous les emplois. Cette estimation est donc accompagnée d’une erreur-type, un concept intimement relié à la marge d’erreur. Sans entrer dans les détails statistiques, retenons qu’avec une erreur-type de 15 500 emplois, la probabilité que la réelle valeur du changement d’emplois soit entre -13 100 et 17 900 emplois n’était que de 68%. La certitude d’une hausse du nombre d’emplois était donc quasi-nulle.

–       Taux de chômage, d’emploi et d’activité

Une baisse du taux de chômage ne veut pas nécessairement dire que le marché de l’emploi est plus dynamique et performant. On calcule ce taux en prenant le pourcentage de personnes parmi la population active* qui sont sans emploi et ont cherché activement du travail durant la semaine précédant l’enquête. Ainsi, plus ce taux est faible, plus on trouve de gens qui occupent un emploi salarié dans le bassin de personnes actives sur le marché du travail.

Or, il manque plusieurs éléments pour que nous puissions juger de la performance du marché du travail. Le taux de chômage ne reflète pas la présence du chômage de longue durée, la récurrence du travail à temps partiel ou pour lequel la personne est surqualifiée, occupée temporairement dans l’attente d’un emploi convenable.

Un meilleur indicateur de la performance du marché du travail est le taux d’emploi. Il représente la proportion des personnes occupant un emploi dans la population totale en âge de travailler et hors institution**. Tandis que les personnes découragées parce qu’elles ne trouvent pas d’emploi ne sont tout simplement pas prises en compte dans le calcul du taux de chômage, elles sont intégrées au calcul du taux d’emploi et l’affecteront à la baisse.

Le taux d’activité mesure la proportion de personnes occupées (c’est-à-dire aux études ou en emploi) ou en recherche d’emploi dans la population en âge de travailler et hors institution. Il baisse donc avec le découragement qu’entraîne le chômage prolongé, mais ne considère pas l’occupation d’un travail insatisfaisant.

Donc la prochaine fois que le gouvernement se vantera de l’effet positif de ses actions sur le marché du travail, on saura qu’un seul chiffre ne dit que peu de choses et que certaines estimations sont à prendre avec précaution.

*La population active comprend ceux et celles qui, parmi la population totale, occupent ou cherchent activement à occuper un travail rémunéré.

**Personnes civiles âgées de 15 ans et plus, ne faisant pas partie des Forces armées canadiennes et ne vivant pas dans une réserve ou en institution. Source : Emploi Québec

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