Inégalités: l’esprit des fêtes et The Spirit Level
19 Décembre 2011
Le temps des fêtes est à nos portes, et les différentes œuvres de charité aussi. À coups de chansons de Noël et de cloches bien agitées, on nous encourage à donner pour aider les pauvres en ces temps froids qui se veulent si chaleureux. Ce moment de générosité nous rappelle paradoxalement la pauvreté que vivent nos concitoyen·ne·s, les difficultés que vivent de plus en plus de personnes à joindre les deux bouts, l’endettement qui nous prend à la gorge et qui nous fait craindre le pire pour notre maison, cet investissement si « sûr » il y a encore si peu de temps. Noël, c’est le moment où on consomme le plus, mais aussi où on réfléchit le plus à ceux et celles qui ne peuvent pas ou plus.
Comment peut-on avoir une société plus juste? Est-ce qu’il est nécessaire de simplement regarder l’évolution des plus pauvres de notre société pour évaluer notre progrès? Ou est-ce que l’écart même entre les plus et les plus pauvres ne serait pas un facteur important?
Les auteur·e·s de The Spirit Level se sont posé la question et ont utilisé un ensemble de ressources scientifiques et statistiques afin de voir quelles étaient les variations des déterminants sociaux plus souvent associés à la pauvreté dans les pays riches. Est-ce que l’espérance de vie connaît une croissance qui s’apparente à celle du PIB per capita? Ou est-ce que la relation est plus forte lorsqu’on l’associe aux inégalités économiques?
Dans chaque chapitre, un marqueur particulier est abordé et évalué. Il en ressort un portrait frappant et sans équivoque. Une fois mesurés et agrégés la violence (taux d’homicide), la cohésion sociale (confiance envers les étrangers), l’obésité (femmes, hommes et enfants), la santé (mentale et physique), l’espérance de vie et l’éducation (taux de diplômes), une tendance claire se trace : plus une société est juste, meilleures sont les conditions de vies.
Et pas seulement pour les plus pauvres. L’ensemble de la population bénéficie. Par exemple, dans un pays plus égalitaire, les plus riches ont moins de risque de faire des dépressions que les plus riches des sociétés plus inégales. De plus, la mobilité sociale y est plus facile, les risques de violence moins grands et la population jouit d’une plus grande solidarité entre ses membres. Bref, tout le monde y gagne.
La pauvreté est une réalité facile à nommer, quantifier, pointer du doigt surtout pendant la période des fêtes. Les inégalités, moins. Pourtant, il se trouve là un enjeu fondamental qui a un impact considérable sur les déterminants sociaux et la qualité de nos vies. Peut-être vaut-il être riche et en santé que pauvre et malade, mais mieux vaut encore plus l’être dans une société qui combat les inégalités, qui permet aux pauvres et malades d’avoir accès à un médecin et aux femmes de se promener dans la rue sans avoir peur de se faire agresser.