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Inégalités: les Québécois les plus riches

5 décembre 2011

  • Guillaume Hébert

Lundi dernier, l’IRIS publiait sur son blogue la version française d’un texte de Jim Stanford à propos de la liste annuelle des 100 Canadiens les plus riches, telle que publiée par la revue Canadian Business (à partir d’une analyse des données de 2010). Nous avons à notre tour fouillé cette liste dégoulinante d’éloges pour les plus riches afin de la considérer sous un angle québécois.

Rang QC Rang CAN Nom Fortune (M$) Variation (09-10)
1 6 Famille Saputo 4340 23,50%
2 7 Paul Desmarais Sr 4270 -0,02%
3 13 David Azrieli 3070 4,70%
4 24 Famille Bombardier 2350 11,70%
5 27 Stephen Jarislowsky 1980 6,90%
6 29 Marcel Adams 1850 4,40%
7 39 Guy Laliberté 1560 3,40%
8 40 Jean Coutu 1530 33,50%
9 42 Robert Miller 1490 5,90%
10 53 Famille Kruger 1220 10,90%
11 59 Larry Rossy 1060 5,10%
12 66 Charles Sirois 960 5,40%
13 85 Aldo Bensadoun 730 14,70%
14 86 Alain Bouchard 720 41,30%
15 89 Famille de Gaspé-B. 680 4,20%
16 93 Serge Godin 660 33,70%
17 99 Frères Péladeau 610 -9,10%

Il y a 17 Québécois (ou famille québécoises) d’origine ou d’adoption dans le classement des 100 plus riches Canadiens. C’est la famille Saputo (dont on évoquait récemment l’incursion en éducation collégiale) qui se retrouve en première place cette année, après une progression de 23,5% de sa fortune qui atteint désormais 4,34 milliard de dollars. Elle surpasse donc désormais celle de Paul Desmarais Sr, stable à 4,27 milliards.

À deux exceptions près (Desmarais et Péladeau, respectivement 2e et 17e au Québec), toutes les fortunes de cette liste ont connu des hausses. Certaines sont colossales à plus de 30% (Jean Coutu (8e) et Serge Godin (16e)) et même 40% (Alain Bouchard), et d’autres sont « modestes », entre 3 % et 7%. Il faut bien comprendre qu’une fortune de 1,5 G$ qui s’agrandit de 3,4%, par exemple dans le cas de Guy Laliberté (7e), signifie tout de même qu’elle a grossi de… 51M$!

C’est ce qui amenait Hugh McKenzie du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) à conclure, en regardant les chiffres de 2009, que les patrons les plus riches se sont avéré à l’épreuve de la récession. Les chiffres de 2010 confirment que pendant que le taux de chômage demeure plus élevé qu’avant la crise, les patrons les plus riches engrangent des sommes gigantesques un peu comme si rien ne s’était produit. Ce n’est visiblement pas moins vrai au Québec qu’au Canada.

Jean Coutu (8e, 1,53G$) a remporté le gros lot grâce à la mise en marché de médicaments génériques vendus par « Pro Doc », une filiale du Groupe Jean Coutu depuis 2007. Il occupe maintenant le 40e rang dans le classement canadien, en hausse de 12.

Mais la plus forte montée est celle d’Alain Bouchard (14e, 720M$), président et chef de la direction d’Alimentation Couche-Tard. Il revient dans le palmarès des 100 Canadiens les plus riches après une absence de quatre ans. Le dirigeant de Couche-Tard défrayait les manchettes en juillet alors que l’on apprenait que son salaire venait de bondir de 58%, alors qu’était déjà amorcé le bras de fer contre les succursales nouvellement syndiquées de la multinationale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que de maintenir 5000 travailleurs et travailleuses au salaire minimum (ou un peu au-dessus), présente au moins des avantages pour certains.

Pierre Karl et Érik Péladeau (17e, 610M$) sont les seuls québécois à avoir connu une réelle diminution de leur fortune dans le dernier palmarès (baisse de 9,1%). Mais pas la peine d’envisager le détournement solidaire d’une partie des recettes de la guignolée de cette année vers les coffres des frères Péladeau puisque leur situation n’est probablement pas si mal que ça. La méthodologie de Canadian Business nous garantit que ses estimations sont conservatrices. « Il est pratiquement impossible de déterminer toute l’étendue de ces holdings pour chacun de ses membres », écrivent-ils. Par conséquent, « il est évident que les 100 canadiens les plus riches possèdent davantage que les montants indiqués par Canadian Business».

D’accord, c’est noté. On pourra passer Noël sans se faire de mauvais sang pour eux.

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