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Ne versons pas un sou dans ce qu’il reste de Bombardier

12 février 2021


Nous apprenions hier que Bombardier va procéder à une énième compression de personnel. Le PDG Éric Martel affirme sans rire que c’est une bonne nouvelle pour les quelque 10000 employés restants, car cette suppression de postes solidifie les reins de l’entreprise et leur assure un avenir au sein de Bombardier. Les 1600 personnes qui seront bientôt au chômage avaient pourtant entendu le même discours lors des dernières vagues de licenciement en 2019 et 2020.

Le gouvernement Legault envisage sérieusement de soutenir ce cancre avec de nouveaux fonds publics, malgré le fiasco de la C-Series dans lequel le précédent gouvernement avait englouti 1,3 milliard de dollars sans garantie. Il est temps de mettre fin à cette folie. Plutôt que de soutenir à nouveau cette entreprise, concentrons plutôt nos énergies à aider les nouveaux chômeurs et les quelque 10 000 personnes toujours à l’emploi de Bombardier pour faciliter leur transition vers des secteurs d’avenir.

Il faudrait aussi cesser de parler de Bombardier comme d’un « fleuron » et considérer cette entreprise pour ce qu’elle est devenue: un fournisseur de biens de luxe pour une élite économique parasitaire. L’entreprise qui a fait la fierté des Québécoises et des Québécois dans la deuxième moitié du siècle dernier fabriquait des biens destinés à des millions de personnes à travers le monde. Les Ski-doos, Sea-doos, VTT et autres motocyclettes ont d’abord mis la compagnie sur la carte, jusqu’à ce que la division de ces véhicules récréatifs soit vendue en 2003. Les avions de ligne de la C-Series représentaient une réussite sur le plan de l’efficacité énergétique des avions de ligne. Cette division fut toutefois vendue en 2017. La division ferroviaire a pour sa part fabriqué les wagons du métro de Montréal, de Toronto, de New York et de plusieurs villes européennes, de même que les trains de la côte Est américaine, avant d’être à son tour vendue en 2020.

Que reste-t-il de Bombardier? Sa division des avions d’affaires. Cette expression laisse entendre que ces jets privés sont utiles aux « affaires » et qu’ils ont une fonction dans le bon déroulement de l’économie. Or, il faut bien nommer un chat un chat : ces avions sont vendus principalement aux milliardaires de ce monde (parmi lesquels on trouve même des dictateurs) qui veulent pouvoir voler où ils le veulent, quand ils le veulent, et sans avoir à partager l’espace avec des inconnus. Ce sont des objets ostentatoires garnis de cuirs et de métaux précieux, qui incluent des salles de bain complètes et des chambres à coucher. Bref, ils ne profitent qu’au 0,001% le plus riche de la planète, et témoignent d’une époque aux inégalités ahurissantes. Le Québec peut être fier de Bombardier au même titre que la Suisse peut être fière de ses banquiers : très peu. Le monde a besoin de Bombardier au même titre qu’il a besoin de Louis Vuitton : pas du tout.

Les 10 000 personnes toujours à l’emploi de Bombardier ont fait des études pour se rendre utiles sur le marché du travail. Elles méritent un emploi valorisant qui a du sens. Si Québec est prêt à allonger les milliards à nouveau, qu’il le fasse dans la transition écologique qui presse plus que jamais.

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