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Je me souviens de l’austérité

21 avril 2020

  • Guillaume Hébert

Le gouvernement fédéral se dirige (pour l’instant) vers un déficit de près de 200 G$ pour 2020-2021, soit environ 11% du PIB, un record absolu au Canada. En 2009-2010, suite à la dernière crise économique, le gouvernement canadien avait établi son précédent « record » avec un déficit de 55,4 G$ représentant 3,4 % du PIB. Notons que, mesurés en pourcentage du PIB, les déficits étaient toutefois un peu plus importants à fin des années 80 et au début des années 90, soit autour de 5 %. Au Québec, on prévoit déjà un déficit de 12 G$ à 15 G$,soit environ 3,5 % du PIB.

Faisons maintenant une comparaison instructive. Entre 2010 et 2015, les gouvernements de Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard ont appliqué des politiques d’austérité draconiennes pour rétablir à la hâte l’équilibre budgétaire. C’était, semble-t-il, nécessaire pour garantir la pérennité des finances du Québec qui, à force d’être « dans le rouge » et de « vivre au-dessus de ses moyens », était condamné à « rejoindre la Grèce au seuil de la faillite », etc. Les précédents gouvernements ont donc fait le choix de l’austérité, quitte à saccager les services à la population et contribuer à appauvrir des choses dont on réalise ces jours-ci l’importance comme la santé publique ou les soins de longue durée offerts aux aîné·e·s.

Or, à combien s’élevaient ces déficits soi-disant abominables qu’il fallait résorber au plus vite et à tout prix? Réponse : la pire année (2009-2010), le déficit du gouvernement québécois s’était élevé à… 2,9 G$, soit 0,9% du PIB ! Même pas trois petits milliards et donc même pas un 1% du PIB. Pendant ce temps, les chercheur·e·s de l’IRIS  qui répétaient année après année à quel point ces déficits étaient négligeables et qu’ils ne justifiaient en tout cas certainement pas qu’on démantèle le filet social en leur nom, passaient pour une bande d’insouciants.

On connaît la suite. Les gouvernements successifs ont appliqué ces politiques d’austérité de manière si dogmatique que l’on s’est même vite retrouvés avec des surplus (dont un frisant les 10 G$ en 2018-2019) qui laissent croire que l’austérité n’était pas seulement basée sur des faussetés, mais qu’elle n’a servi à rien. Rien, sauf à faire avancer le projet politique néolibéral de l’establishment québécois, bien servi par les gouvernements qui se sont succédé depuis (au moins) le milieu des années 1990.

Ce que révèle une fois de plus la crise actuelle – en vertu de cette propension qu’ont les crises à faire tomber les masques – et ce que montrent surtout les sommes infinies que l’on débloque soudainement, c’est que l’austérité qui a fait tellement  mal aux Québécois·es entre 2010 et 2015 était d’abord et avant tout idéologique. Reste à voir si l’establishment parviendra à nouveau à nous enfermer dans sa cage idéologique dans les prochains mois et les prochaines années.

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