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Hausser les salaires pour attirer la main-d’oeuvre

29 juin 2021

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6min

  • Julia Posca

Statistique Canada révélait la semaine dernière les plus récentes données de son Enquête sur les postes vacants et les salaires, qui portent sur le 1er trimestre de 2021. Sans (trop de) surprise, le nombre de postes vacants, c’est-à-dire le nombre de postes que les employeurs cherchent à pourvoir, était en hausse de 7,9% au Canada et de 14,4% au Québec par rapport au 1er trimestre de 2020. Quant au taux de postes vacants, il atteignait 3,6% en début d’année au Canada, une augmentation de 0,5 point de pourcentage depuis le 1er trimestre de 2020. Au Québec, ce taux s’établissait à 4,2% au 1er trimestre de 2021, une hausse de 0,8 point de pourcentage par rapport à l’an dernier.

Les solutions mises de l’avant pour remédier à cette situation portent la plupart du temps sur l’offre de travail, c’est-à-dire sur les caractéristiques des personnes qui cherchent un emploi. Plusieurs évoquent par exemple la nécessité de former la main-d’œuvre en fonction des besoins des entreprises, que ce soit en misant sur les jeunes chômeurs et chômeuses ou sur les travailleurs et travailleuses d’industries en déclin. Sont aussi envisagées des mesures d’insertion en emploi pour les catégories de la population qui subissent de la discrimination à l’embauche telles que les personnes autochtones ou en situation de handicap. Enfin, la modification des politiques migratoires est prônée par des intervenants de divers milieux, dont ceux des affaires et de la recherche.

Bien que ces mesures fassent sans contredit partie de l’équation, elles peuvent parfois occulter les efforts qui doivent être faits du côté de la demande, c’est-à-dire par les employeurs qui cherchent à recruter de la main-d’œuvre. En effet, les données sur les postes vacants montrent qu’au chapitre des salaires, on peut faire mieux.

Considérons les 15 professions qui affichent le plus grand nombre de postes à pourvoir au Québec au début de l’année 2021. Celles-ci représentent environ le tiers des postes vacants, soit 48 720 emplois disponibles sur un total de 146 865. Comme on peut le voir au graphique ci-bas, les serveuses, serveuses et aides de cuisine sont les plus en demande, suivis des infirmières, des vendeuses et vendeurs dans le commerce de détail, des aides-infirmières, aides-soignantes et préposées aux bénéficiaires, puis des camionneurs et camionneuses.

La médiane du salaire affiché pour ses 15 catégories professionnelles est de 17,80$ l’heure, ce qui équivaut à un salaire annuel brut de 37 024$ pour une personne qui travaillerait à temps plein toute l’année. C’est 6,25$/h de moins que la médiane pour l’ensemble des postes vacants – et bien en deçà des emplois à 56 000$ de François Legault!

Dans les secteurs de la restauration, du commerce de détail ou encore des services de garde, l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail fait donc sans contredit partie de l’arsenal de mesures à mettre en place pour résoudre le problème de la rareté de la main-d’œuvre. Certaines entreprises ont d’ailleurs déjà commencé à le faire. Rappelons enfin pour ceux et celles qui seraient tentés d’affirmer que de telles hausses feront forcément augmenter la facture que les entreprises refilent à leur clientèle que plusieurs études mesurant l’effet d’une hausse du salaire minimum sur les prix ont montré que cet impact serait minime. Une entreprise qui ne peut garantir un salaire digne à ses salarié·e·s ne devrait plus être considérée de nos jours comme une entreprise viable.

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