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Vivre en-dessous de la ligne

25 février 2016


Nous savons toutes et tous qu’il existe une ligne en-dessous de laquelle il ne faut pas passer. Un niveau de revenu en bas duquel nous ne sommes pas capable de vivre décemment. Comme pour le fil de l’eau, quand on passe en-dessous, on se noie. Vivre avec moins que le minimum, ça veut dire hypothéquer sa santé tant physique que mentale et emprunter sur sa durée de vie. Nous savons aussi qu’au Québec plusieurs personnes vivent en-dessous de cette ligne. Dans une note publiée hier, nous avons tenté de savoir combien d’argent permettrait à tout le monde de se sortir la tête hors de l’eau.

D’abord, il faut s’entendre sur une ligne. Ça tombe bien, le gouvernement du Québec reconnaît une mesure pour suivre les situations de pauvreté du point de vue de la couverture des besoins de base : la Mesure du panier de consommation établie par Emploi et développement social Canada et diffusée par Statistique Canada. Cette mesure nous donne un seuil de revenu nécessaire en fonction du lieu de résidence et de la taille du ménage.

Ensuite, il faut prendre les 842 000 personnes qui se trouvent sous cette ligne (en 2011) et voir combien il leur manque collectivement pour l’atteindre. On constate alors qu’en 2002 le montant total de ce déficit humain était de 2,5 G$ et qu’il est passé à 3,6 G$ en 2011. Si on le répartit sur toutes les personnes concernées, les personnes les plus pauvres se sont éloignées de 1210$ du fil de l’eau.

S’il y a des gens qui manquent d’argent pour avoir le minimum, la majeure partie de la population a plus que le minimum. Nous avons donc tenté de calculer ce qui dépasse le minimum et comment ce montant a évolué. En 2002, cet excédent correspondait à 81 G$ et, en 2011, à 92,8 G$ – une augmentation moyenne de 1357 $ par ménage concerné. Notons toutefois que de 50 à 55 % de ces surplus sont concentrés entre les mains des 20 % les mieux nantis.

Comme on le constate en comparant seulement la somme au-dessus de la ligne (92,8 G$) avec ce qui manque (3,6 G$), on voit bien que régler les manques criants est à portée de main. En fait, on aurait même pu régler l’entièreté de ce déficit humain sans changer quoi que ce soit au niveau de vie de la population. En effet, si toute la croissance du niveau de vie des plus riches avait été dirigée vers les plus pauvres, il aurait été possible de combler le déficit constaté. La couverture des besoins de base de toutes et tous aurait pu être assurée. Il serait même resté des sommes pour améliorer le niveau de vie de tout le monde.

Bref, on sait que ce déficit existe, mais jusqu’à aujourd’hui, il était invisible. Il nous fait plaisir de rendre disponible ce nouvel outil pour mesurer l’aspect monétaire du déficit humain. Il serait bon qu’à présent le gouvernement suive son évolution et qu’il mette en place des solutions pour réduire et éventuellement éliminer ce déficit humain, une étape importante vers une société sans pauvreté. Régler le déficit des finances publiques nous a été présenté comme une nécessité vitale par les gouvernements successifs, assurer à tout le monde la couverture de ses besoins de base nous semble encore plus urgent à réaliser.

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