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Réinvestissement en éducation en vue : une fausse bonne nouvelle

24 février 2017

  • Julia Posca

Bonne nouvelle dans le monde de l’éducation : au début du mois, le ministre des Finances Carlos Leitao affirmait en entrevue à La Presse que « [l]e thème principal du budget, ça va être l’enseignement supérieur, la formation et la main-d’œuvre ». Il signalait du même coup l’intention du gouvernement de réinvestir dans les universités. Si l’on doit se réjouir de cette annonce – qui, ne l’oublions cependant pas, survient après des années de disette –, on peut tout de même se questionner sur ce qui se cache sous cet intérêt renouvelé du gouvernement pour l’éducation.

Un regard sur le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, qui avait lieu les 16 et 17 février derniers à Québec, peut nous renseigner à cet effet. Réunissant des représentants patronaux et syndicaux, des acteurs du développement économique, des milieux communautaire et de l’éducation, des représentants des communautés autochtones et des délégations gouvernementales, cette consultation avait pour objectif général de créer « une synergie pour cibler, ensemble, des avenues visant à assurer une plus grande prospérité pour le Québec dans les prochaines années » (p. 12 du cahier du participant).

Le gouvernement dresse notamment le constat suivant à propos de l’économie québécoise : « Les emplois du futur, notamment ceux issus de la quatrième révolution industrielle, seront destinés à des personnes ayant les connaissances et les compétences nécessaires pour développer de nouvelles idées et technologies, les adapter aux besoins du marché et les mettre en oeuvre dans leur milieu de travail » (p. 20).

Il insiste donc, sans surprise, sur la nécessité présumée de fournir aux futurs travailleurs et travailleuses des compétences conformes aux exigences des emplois à combler dans les entreprises qui font affaire sur notre territoire. À cette fin, il mentionne le besoin de développer dans les années à venir « [u]ne offre de formation de qualité, mise à jour plus rapidement, notamment pour répondre aux priorités de développement économique du Québec » (p. 21).

Marco Bélair-Cirino du Devoir posait la question suivante au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale : « L’école doit-elle former de bons citoyens ou de bons travailleurs, favoriser l’acquisition de connaissances ou de compétences? » François Blais a répondu en toute honnêteté : « C’est tout à fait complémentaire […] On ne doit pas les opposer, mais c’est clair qu’en ce moment il y a une pression très forte qui vient du marché du travail pour faire en sorte que la main-d’œuvre soit au bon endroit, si possible au bon moment ».

Le réinvestissement prévu dans le réseau universitaire doit ainsi être apprécié à la lumière de cette « pression » exercée par le secteur privé et du penchant du Parti libéral pour une vision bassement instrumentale de l’éducation. On ne serait malheureusement pas étonné de voir cette préférence se transposer dans le budget à venir, mais il est tout de même fascinant de constater qu’un parti qui a contribué à libérer l’éducation du joug de l’Église durant la Révolution tranquille soit de nos jours si prompt à abandonner au milieu des affaires la responsabilité d’en déterminer la direction.

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