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L’endettement des ménages québécois

6 février 2012

  • Guillaume Hébert

Les signaux d’alarme à propos de l’endettement des ménages au Canada sont on ne peut plus fréquent depuis plus d’un an. La semaine dernière, c’était au tour du Conseil de stabilité financière (FSB) d’exprimer ses inquiétudes au regard de la situation qui prévaut au Canada.

Le FSB, présidé par le gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney, notait que le ratio d’endettement des ménages canadiens n’a pas reculé contrairement aux ménages étasuniens et britanniques, comme le montre la figure ci-dessous :

Simon Tremblay-Pepin expliquait qu’en contexte de faible investissement privé et public, la croissance de l’économie canadienne repose essentiellement depuis quelques années sur la consommation des ménages.

Mais qu’en est-il du Québec ?

En juin, des données de TransUnion sur l’endettement des consommateurs québécois indiquaient que celui-ci a connu en un an une hausse plus rapide (+7,8%) que la moyenne canadienne. Cet endettement par consommateur (18 025$) est néanmoins largement inférieur à ce qu’il est au Canada (25 597$). Ces chiffres excluent toutefois les prêts hypothécaires.

Rappelons à cet effet que mis à part deux brefs moments entre 1987 et 1993, le taux d’endettement à la consommation des Québécois demeure plus bas que celui des Canadiens, comme on le voit dans le tableau suivant :

Source : Institut de la statistique du Québec (ISQ) – Le taux d’endettement à la consommation est mesuré en comparant le crédit à la consommation à celle du revenu disponible.

Le mois dernier, le Bureau du surintendant des faillites du Canada (BSF) annonçait une diminution de 4,2% des dossiers d’insolvabilités sur un an au Québec, une baisse toutefois moindre que les autres provinces canadiennes.

Les analystes de Desjardins utilisent le « ratio de service de la dette » (RSD) plutôt que le taux d’endettement pour évaluer la situation des ménages. Le ratio du service de la dette calcule la capacité de payer et notamment de s’ajuster aux fluctuations des taux d’intérêt. Desjardins remarque que même si l’endettement des ménages québécois a augmenté rapidement durant les années 2000, le RSD demeure néanmoins près de sa « moyenne historique » à 15,5%.

Cela s’explique par les faibles taux d’intérêts, tel que l’on peut l’observer dans le graphique suivant :

Source : ISQ, http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/econm_finnc/insti_finnc_coopr/taux_graph.htm#quebec

Mais jusqu’au où peut-on aller à ce rythme ? Précision d’abord que le RSD est critique lorsqu’il excède 40%.  Au-delà de ce chiffre, près d’un ménage sur quatre déclarera faillite. Puisque le nombre de ménages québécois dans cette situation n’est pour le moment pas très élevé, Desjardins ne tire pas la sonnette d’alarme. En revanche, une hausse des taux d’intérêts aurait un effet de contraction rapide pour plusieurs, d’autant plus que les prêts hypothécaires à taux d’intérêt variable sont de plus en plus populaire. Les ménages détenteurs de ce type de taux d’intérêts seront immédiatement affectés par une hausse des taux, qui, au moins, n’est toutefois pas à l’ordre du jour des prochains mois.

Desjardins a tout de même préparé des simulations afin d’anticiper les faillites personnelles dans les prochaines années au Québec. Voici le résultat :

Est-ce l’éclatement d’une bulle immobilière ou l’étranglement des ménages suite à une hausse des taux d’intérêts qui fera bifurquer l’économie canadienne et québécoise ? Chose certaine, peu importe le scénario, si on y ajoute le secteur privé qui n’investit plus et le secteur public auquel on impose l’austérité, on s’aperçoit qu’il  ne reste plus beaucoup de cartes dans le jeu des principaux acteurs de l’économie.

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