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La finance, ses robots et nous

14 novembre 2013

  • Guillaume Hébert

Dans une brochure qu’elle publie aujourd’hui, ma collègue Caroline Joly nous montre que plus des deux tiers des décisions mondiales de vente ou d’achat sur les marchés financiers sont aujourd’hui prises par des intelligences artificielles. « Quelle importance? Tant que ça marche », diront certain.e.s. Cette brochure montre pourtant qu’une telle transformation a d’importantes conséquences pour nous.

On imagine les places boursières remplies de traders achetant et vendant à la criée, mais la réalité a bien changé, nous explique Caroline Joly. En ce moment, pour les firmes oeuvrant sur les marchés financiers, la question est de savoir qui a le meilleur algorithme, l’ordinateur le plus puissant ou la plus petite distance entre ses serveurs et ceux des plus grandes bourses. Ces robots permettent de profiter de fluctuations de prix minuscules visibles pendant des microsecondes. Dans ces situations, personne ne peut faire concurrence à ces machines qui échangent plus d’un millier de titres en un seul battement de paupière.

Ces transactions effectuées à haute vitesse par des intelligences artificielles ne sont pas sans risque économique. Elles peuvent provoquer en quelques minutes, voire en quelques secondes à peine, d’énormes pertes monétaires, conduire à des faillites et même à des mises à pied.

Par exemple, le 6 mai 2010 a eu lieu le « krach éclair » (flash crash). En quelques minutes, les robots ont fait disparaître près de mille milliards de dollars des marchés, conduisant certaines entreprises au bord de la faillite. Plus récemment, le 23 avril dernier, un robot a analysé un faux tweet disant que la Maison-Blanche avait été attaquée et que le Président Obama avait été blessé. Résultat : les robots ont tous essayé de liquider leurs titres et, en trois minutes à peine, Wall Street a perdu 136 milliards de dollars.

La brochure nous apprend aussi pourquoi les marchés financiers ont tant besoin des robots aujourd’hui. Les produits financiers sont devenus tout simplement trop complexes pour les humains. Il faut non seulement les comprendre, mais aussi être capable de savoir quelles sont les circonstances optimales pour les utiliser. Nos capacités ne sont tout simplement pas de taille face à celles des intelligences artificielles. Tout cela nous vient de la déréglementation du secteur financier dans les années 1980, période où les échanges se sont multipliés. Pour gérer le risque et stabiliser les marchés financiers, on a inventé des produits de plus en plus complexes. Aujourd’hui, cette « innovation financière » a largement dépassé ses créateurs. Pour le mieux? On peut en douter.

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