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Évaluation du programme de procréation assistée : évaluer d’abord la place du privé

30 mai 2013

  • JD
    Julie Depelteau

Le gouvernement du Québec a récemment donné le mandat au commissaire à la santé et au bien-être d’évaluer le programme de procréation assistée, implanté en 2010. Une décision justifiée après bientôt trois ans de fonctionnement.

Le cadre législatif accompagnant le programme a permis de faire chuter de manière importante le nombre de grossesses multiples, en limitant les techniques médicales engendrant ces grossesses multiples. La gratuité de services de procréation assistée a également garanti aux personnes moins fortunées un accès à ces techniques médicales de pointe. Malgré tout, le programme avait été mis en place rapidement et sans consultation publique sur ses limites. Depuis, diverses questions ont été soulevées, notamment quant à l’admissibilité des femmes célibataires, plus âgées et homosexuelles.

D’autres questions méritent une attention particulière : quelle est maintenant la place occupée par le secteur privé dans le programme public de procréation assistée? On sait que la mise en place rapide du programme a largement profité aux cliniques privées, puisqu’une seule clinique publique (McGill) était en activité lors de l’annonce du programme et que celles des centres de santé universitaires (Montréal, Québec et Sherbrooke) étaient en train d’être aménagées. Où les médecins spécialistes de la fertilité concentrent-ils leur pratique médicale? Comment se fait-il que les installations publiques soient actuellement sous-utilisées? D’ailleurs, quant à cette situation, le ministre de la Santé propose un guichet unique pour diriger les patientes vers celles-ci. D’autres questions concernant le programme de procréation médicalement assistée devraient aussi être examinées : quels sont les coûts réels du programme? En effet, la Fédération des médecins spécialistes du Québec avance des coûts considérablement plus élevés que ceux du gouvernement. Également, quelle reddition de comptes est attendue et est effectuée par les établissements, privés et publics, qui pratiquent la procréation assistée? Entre autres, quelles sont les données comptabilisées sur la procréation assistée et sur la santé des patientes et de leurs enfants à court et à long terme?

Bref, la tâche du commissaire à la santé et au bien-être apparaît pertinente, mais elle ne doit pas se limiter aux cas sensationnels (et relevant de l’exception) de procréation assistée ayant fait les manchettes. Il semble plus important de se concentrer sur la manière dont le programme est administré et de lui donner certaines balises de fonctionnement, que de chercher à pointer du doigt les patientes ne devant pas avoir accès au programme. Le programme ne connaît pas des ratés et ses coûts n’explosent pas à cause des patientes, mais en raison de sa propre mise en place hâtive et du manque de suivi apparent quant à son fonctionnement. Ce laxisme coûteux semble profiter aux cliniques privées depuis les débuts du programme.

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