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15 mai 2014

  • Julia Posca

Les Conservateurs de Stephen Harper continuent leur travail de sape dans le secteur de la recherche réalisée par le gouvernement fédéral. Cette fois-ci, c’est le budget de la recherche du ministère de la Justice, qui produit des études sur le droit, qui vient d’être amputé de 1,2 million de dollars. Concrètement, cette compression de l’ordre de 20% des dépenses en recherche de ce ministère entraînera la perte de huit chercheur.e.s.

Cette décision s’additionne aux compressions imposées aux conseils de recherche du Canada en 2009, à la suppression du questionnaire long obligatoire du recensement en 2010 et aux nombreuses coupures survenues dans le domaine de la recherche en sciences environnementales. C’est d’ailleurs ce domaine qui a le plus souffert, avec entre autres des compressions à l’Institut Maurice-Lamontagne, la fermeture du Laboratoire de recherche atmosphérique en environnement polaire ainsi que la fermeture de sept des onze bibliothèques scientifiques de Pêches et Océans Canada. De plus, ces restrictions budgétaires s’accompagnent d’un troublant contrôle de l’accès des représentant.e.s des médias aux chercheur.e.s du gouvernement. Bref, autant de mesures qui inquiètent la communauté scientifique canadienne et d’ailleurs dans le monde (dont la réputée revue Nature) puisqu’elles affaiblissent la capacité de la science d’éclairer les décisions gouvernementales qui touchent les citoyen.ne.s.

En visant le budget du ministère de la Justice, les nouvelles compressions s’inscrivent davantage dans l’agenda « moral » du gouvernement conservateur.

On apprend en effet dans un rapport préparé par le ministère de la Justice et remis en 2013 au sous-ministre William F. Pentney que la réalisation des études devra dorénavant être mieux encadrée afin d’éviter que la recherche ne discrédite les orientations des politiques du gouvernement en matière de justice.

Cette décision pourrait donc contribuer à imposer l’approche « tough on crime » promue par le parti Conservateur (PC) en limitant la capacité des fonctionnaires à mesurer l’efficacité de cette philosophie en matière de lutte contre la criminalité. Cette orientation étonne non seulement à cause de son caractère rétrograde, mais aussi parce que cette approche, dont l’ex président des États-Unis George W. Bush s’était fait le fier représentant, tend à être délaissée par le gouvernement fédéral américain étant donné la lourdeur des coûts qu’elle entraîne et l’absence de résultats en ce qui a trait à la réduction des méfaits.

Dans le rapport que le PC entretient à la recherche scientifique se révèle ainsi deux importantes facettes de son programme politique : d’un côté, éliminer les obstacles au développement d’industries fortement responsables de l’émission de gaz à effet de serre, et de l’autre, augmenter la répression des responsables d’actes criminels en montrant peu d’égard pour la gravité de leur faute. Ce faisant, le PC entretient ses bonnes relations avec l’industrie pétrolière en réduisant à une peau de chagrin le cadre législatif qui régule ce secteur de l’économie, et consolide les appuis populaires de sa base conservatrice en donnant plus de pouvoirs aux tribunaux pour agir auprès des contrevenant.e.s. Voilà en somme deux manières pour notre premier ministre de préparer sa réélection qui ont toutefois en commun d’abandonner ce qui devrait être au cœur de toute politique gouvernementale : l’intérêt public.

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